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Sortie du Jeudi 14 mars 2013 à Lorient (56) : visite de la Cité de la Voile
Oh la, la ! les 2 jours avant cette sortie, v’là t’y pas qu’un manteau blanc recouvre notre planète. Partirons, partirons pas ? That’s the question ? Mais le ciel fut clément et 27 personnes voguent vers les horizons marins lorientais et, plus précisément, vers la « Cité de la voile ». Si un déluge, une dépression, une déferlante, etc.. nous tombent dessus nous avons prévu des gilets de sauvetage. Donc pas de panique.
La cité a ouvert en Avril 2008 et a été édifiée au sein de l’ancienne base sous-marine de Lorient. Initiée, immédiatement, après la disparition d’Eric Tabarly par un projet de la famille et de ses amis.
Nous avons la chance de nous restaurer dans un endroit avec vue panoramique sur la rade et les pontons des célèbres Pen Duick.
Éric Tabarly est né le 24 Juillet 1931 à Nantes et découvre la voile à l’âge de 3 ans à bord d’ « Aline » le bateau familial. En 1938, son père Guy Tabarly achète un voilier ancien construit en 1898, en Irlande sous le nom de « Yum », par un grand architecte naval écossais William Fife. C’est sur ce voilier qu’Eric apprendra à naviguer. Il le renommera « Pen Duick ».
Tiens, tiens, petite question culturelle : que veut dire le mot Pen Duick ? Je vous laisse chercher un peu et vous retrouve à la fin de ce récit.
En 1952, Eric est riche de projets de navigation mais sa bourse est dégarnie. Il s’engage dans la Marine Nationale comme pilote dans l’aéronautique navale à la base de Khouribga au Maroc afin de s’assurer une solde et pouvoir restaurer son bateau. Puis il effectue une spécialisation multimoteurs à Agadir (Maroc). Il sert ensuite en Indochine pendant la guerre. En 1958, il est admis à l’Ecole des Elèves Officiers de la Marine (EOM) où il se distingue des autres par ses capacités sportives.
A partir de 1956, il commence à remettre en état le Pen Duick (toujours pas la réponse ?) qui n’avait plus navigué depuis 1947 et qu’il avait racheté à son père. En 1958, il reconstruit la coque et en 1959 Pen Duick navigue. Il engage son bateau dans les courses anglaises du RORC en 1960, 1961 et 1962.
En 1962 il embarque comme Officier en second sur le dragueur de mines « Castor ». En 1964, il veut participer à la course transatlantique en solitaire. Il est mis, sur sa demande, en détachement spécial par la Marine Nationale, ce qui lui permet de naviguer librement tout en restant officier d’active. Il conçoit le Pen Duick II de 13,60 m. (1er voilier dessiné et construit spécifiquement pour une transat en solitaire, coque en contreplaqué et quille étroite. Il possède également une bulle en plexiglas récupéré sur un avion et qui lui permettait de voir ses voiles et de les régler. Il est le 1er à y penser). Il remportera cette course le 18 Juin 1964 avec 2 jours et 20 heures d’avance sur le 2ème concurrent.
Parce qu’il veut continuer la course au large, Tabarly fait construire un monocoque plus grand le Pen Duick III en 1966. Sa coque, de 17,45 m. est en aluminium. C’était un bateau très astucieux car avec 2 mâts de taille égale. Il n’aimait pas les courses en solitaire et donc il participe en 1977/1978 à la Whitbread (course autour du monde en équipage) sous le nom de Gauloise avec Eric Loizeau comme skipper. Au tableau de la saison avec Pen Duick III Tabarly s’engage dans 6 courses et les gagne toutes. Il prouve ainsi la pertinence de ces choix techniques ainsi que ses qualités de meneur d'hommes.
Fort de ses succès, il veut marquer les esprits et engager un autre bateau, Pen Duick IV. Il est convaincu que c’est un multicoque qui remportera la Transat de 1968. Il construit donc son trimaran en aluminium de 20,80 m. de long. Mais dans la période troublée de Mai 1968, Eric essaie de terminer son bateau mais sans succès et devra donc abandonner. Par contre, Pen Duick IV gagnera bien la Transat mais en 1972 aux mains d’Alain Colas qui a racheté le bateau en 1970 et qu’il rebaptisera « Manureva ». (Trimaran : bateau à 3 coques, pas de quille donc plus rapide).
Nouvelle course et donc nouveau bateau. Construction du Pen Duick V de 10,60 m. de long pour la course transpacifique reliant San Francisco à Tokyo. Ce bateau est un concentré de technologies. Comme souvent le temps lui manque et il ira, lui-même, en Suisse, sous la neige, chercher le mât. Il gagnera cette course en 39 jours et 15 heures (au lieu des 60 jours prévus par le comité de course). Du coup personne n’était là pour l’accueillir. Le 2ème arrivera 10 jours plus tard. Il pense déjà à des courses autour du monde.
Il conçoit le Pen Duick VI, tout en aluminium de 23,50 m. de long pour un poids de 32 tonnes. Pen Duick VI sera à l'image de Pen Duick III une aventure d'hommes : Patrick Tabarly, Olivier de Kersauson, Marc Pajot, seront de l'aventure. Mais la course autour du monde verra deux démâtages annihiler les espoirs de victoire d'Eric. C’est une grande déception car Pen Duick était le favori de cette épreuve.
Il veut courir la Transat en solitaire 76 mais n’ayant pas de bateau à sa disposition, il prendra le Pen Duick VI. Ce fut un véritable enfer : 5 dépressions vont s’abattre sur lui, perte de son gouvernail automatique. Il manœuvre aux limites de sa résistance physique et gagnera cette course.
En 1975, Tabarly va rechercher un budget, pendant 4 ans, afin de construire un nouveau trimaran. Il rencontre Paul Ricard qui accepte de financer le projet. Il mesure 16,50 m. de long et est en aluminium. Tabarly bat, en 1980, le record de traversée de l’Atlantique Nord (en 10 jours et 5 heures) détenu depuis 1905 par la goélette Atlantic de Charlie Barr (navigateur écossais qui gagna en 12 jours et 4 heures) ouvrant ainsi la course aux records de traversée effectuée par les multicoques. Cette course s’effectue d’Ouest en Est entre New York et le Cap Lizard (au Sud de la Grande Bretagne).
Petit cours naval :
2 000 nautiques = 4 kms.
Monocoque : 1 coque ;
Multicoques :
Catamaran : 2 coques ;
Trimaran : 3 coques.
Au début les coques sont en bois jusqu’au 19ème siècle. A partir du 19ème siècle, on construit les bateaux avec des coques en plastique, polyester plus léger et plus résistant que le bois. A partir du Pen Duick III, la coque est en aluminium plus léger et plus résistant que le plastique. Depuis 1980, les coques sont en carbone plus léger et plus résistant que l’aluminium.
Suite à la Transat anglaise de 1964 sur Pen Duick II, le Général de Gaulle voulut décorer Eric Tabarly de la légion d’honneur. Un télégramme lui fut envoyé en 1967 et voici sa réponse : « Désolé mon Général mais la marée n’attend pas » (en effet il faisait une course sur Pen Duick III). En 1968, il reçut un autre télégramme auquel il répondit : « si la marée le veut ». Cette fois il fut fait officier de la légion d’honneur.
Nous arrivons auprès d’une drôle de manivelle. C’est un winch (équipement qui permet de démultiplier la traction pour hisser et régler les voiles). Notre guide demande s’il y a des volontaires pour actionner cette manivelle. Brigitte se lance dans l’aventure, quel courage ! En effet, sur l’écran il y a le navigateur puis à côté le challenger. Un curseur, au milieu des deux concurrents, monte en fonction de notre vitesse et de notre force. Brigitte n’est pas loin mais le navigateur gagne. Elisabeth enlève son sac à dos et s’y colle. Qui va gagner ? Têtue et elle a des muscles, la petite Bretonne. Et la voilà qui prend la tête. Tiendra t-elle jusqu’au bout ? Mais bien sûr, elle gagne. Ben alors qu’est ce que tu fais le navigateur ? Janick et Pierre se sont attelés à la tâche et ont gagné aussi. Je pense que le navigateur doit être fatigué….Il a pourtant gagné le « Vendée Globe ». Le guide demande encore un volontaire pour hisser la voile. Elisabeth y retourne. Aurait-elle pris goût ? Elle fait un nœud de taquet. On ne parle jamais de corde mais de cordage ou de bouts (prononcez » boutes »). Puis on découvre toutes sortes de voiles en tissu.
A savoir également :
Éric Tabarly est décédé le 13 Juin 1998 à la suite d’une chute à la mer suite à une manœuvre.
Nous voici presque à la fin du voyage alors voilà la réponse à la question : Que veut dire Pen Duick (Pen = tête du = noir et ick = diminutif de petit. C’est à dire mésange noire en breton).
On ne peint jamais l’intérieur d’un bateau. Pourquoi ? Tout simplement pour gagner du poids.
Les toilettes sur les bateaux de course sont des seaux. Mais il faut toujours le vider par vent arrière sinon…. gare aux projections !
Voilà notre traversée terminée. Tout s’est bien passé. Pas de déferlante, pas de déluge, donc pas besoin de nos gilets de sauvetage. Retour dans la bonne humeur comme d’habitude. Merci à vous et à la prochaine fois pour de nouvelles aventures.