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Gisèle Guéméné

PORTRAIT D’UNE MILITANTE : GISÈLE GUÉMÉNÉ

Novembre 2015

Cette jeune dame pétillante de 85 ans, comme son nom l’indique est née à Guéméné Penfao près de Redon.

Sa scolarité : « Je veux aller à l’école… C’est ce parcours difficile qui m’a forgé »

Gisèle a commencé à aller à l’école à l’âge de neuf ans car elle l’explique « les directrices d’école m’ont refusées catégoriquement, elles ne voulaient pas de moi en raison de mon handicap ». Ses parents habitaient à 3 kms du bourg et les premières années, elle se souvient du souvenir douloureux de devoir se déplacer à l’école en poussette, aidée de ses sœurs. Elle devra se contenter de regarder ses petites camarades dans la cour, « j’ai passé mes récréations et mes weekends à étudier ». Après l’obtention de son certificat d’étude, elle a poursuivi ses études de CAP « sténo/dactylo » à Redon. Ses parents ne pouvaient pas lui payer ses études, c’est une assistante sociale qui lui a trouvé une chambre au dispensaire. Elle doit faire une heure de marche à pied, aidée de ses cannes, pour se rendre en cours, par tous les temps… « Je tombais souvent, mais je me relevais ». Elle obtiendra son CAP à 18 ans.

L’emploi : « J’ai commencé à vivre lorsque j’ai commencé à travailler ! »

En mars 1950, elle est recrutée comme secrétaire aux usines Garnier de Redon. Elle a tout juste 20 ans et elle y restera jusqu’en 1979, lorsque l’usine a fermé. « Au départ, quand je suis arrivée, j’avais peur du regard des autres mais grâce au travail je n’avais plus aucun complexe vis-à-vis des collègues ». Elle se souvient d’avoir apporté sa première paye à ses parents qui avaient des difficultés financières (famille nombreuse).

Après son licenciement, un emploi au CCAS (Centre Communal d’Action Sociale) lui est rapidement proposé, poste qu’elle accepte bien que le salaire soit très inférieur aux allocations chômage qu’elle percevait. Le corps fatigué, elle quittera son poste en 1986 pour se consacrer à diverses actions auprès des personnes handicapées.

J’ai eu la chance de travailler et j’ai pu être un exemple pour d’autres qui souhaitaient travailler et devenir autonomes ». Elle a ainsi facilité l’emploi de travailleurs handicapés en allant convaincre employeurs, bailleurs de logement… « je me suis heurtée à pas mal de réticences, un véritable parcours de combattant. »

Ses débuts à l’APF : « il y avait une telle solidarité »

Gisèle a connu l’APF par l’intermédiaire d’une assistante sociale mais, reconnait-elle, « ça remonte à la nuit des temps !». En 1960, elle rencontre Guillaume d’Achon, « un homme formidable », Melle Turkety et d’autres pionniers de la Délégation. « Après mon travail à 18h, je prenais le train pour Rennes, j’assistais aux réunions, je prenais un hôtel à Rennes, près de la gare, et je rembauchais au travail le matin (à Redon) ».

Devenue correspondante APF sur le Pays de Redon (1960-1980), elle se souvient d’avoir organisé des réunions mensuelles où « les chauffeurs allaient chercher les adhérents à 20 kms à la ronde. J’étais très heureuse de cette équipe de bénévoles, de voir autant de générosité, d’autant plus que les rencontres avaient lieu le dimanche après-midi ».

Son militantisme : « Je n’ai pas envié les valides car j’ai eu un caractère de battante »

Gisèle a beaucoup œuvré pour aider les enfants et adultes isolés dans les campagnes, à l’image de ce qu’elle avait vécu elle-même. « Je m’en suis sortie, j’ai cherché les personnes handicapées qui n’ont pas eu la même chance que moi ».

En 1964, elle participe à l’ouverture du centre de vacances pour adultes handicapés à Pornichet où elle organise des séjours de vacances pendant 31 ans. Au démarrage, c’était rudimentaire, « heureusement qu’il n’y avait pas de commissions de sécurité à l’époque ! »

Gisèle et son équipe ont organisé aussi des séjours en Hollande, en Espagne, en Angleterre… et un de ses plus beaux souvenirs, la folle équipée avec 15 adultes en fauteuil et pas moins de 60 bénévoles pour atteindre la 300ème marche du Mont Saint Michel.

Pendant tout ce temps, elle a fait des démarches pour l’accessibilité des lieux publics. Elle se souvient d’avoir obtenu de la municipalité de Redon « la mise en place de plans inclinés à la sécurité sociale, le centre des impôts, etc. après avoir envoyé des photos à tous les élus. »

En 1980, Gisèle décide de monter sa propre association « Association des handicapés physiques adultes du Pays de Redon » et de quitter l’APF. La raison était de pouvoir récupérer plus facilement des fonds pour financer l’aménagement de logements accessibles et de répondre aux besoins locaux.

« J’ai vraiment été heureuse… Je souhaite de tout cœur que les jeunes se battent et surtout ne baissent pas les bras »

Gisèle ne cache pas sa fatigue sans laquelle, elle continuerait de participer aux réunions diverses, entre autres celle le conseil municipal où elle a eu la chance de siéger durant un mandat. « J’aimerais avoir 20 années de moins pour poursuivre. J’ai mené ma carcasse jusqu’au bout !». « Si on a réussi tout cela, c’est grâce à l’engagement des bénévoles, ils sont la clé ». Elle regarde sa vie de militante et dit avoir « été vraiment heureuse, j’ai toujours chanté "la vie est belle…" ».

Gisèle, qui continue d’animer une réunion hebdomadaire sur Redon, se réjouit des récentes rencontres avec un groupe APF venu sur place (groupe relais initié par la Délégation). « Est-ce que les jeunes sont capables de réaliser notre combat ? Je demande aux jeunes de prendre le relais, interpellez les maires, les élus… Je veux dire aux jeunes : battez-vous ! ».

Gisèle aspire toujours à ce que les personnes handicapées « réalisent pleinement leurs potentiels, qu’ils prennent leur autonomie et vivent comme les autres ». Elle nous donne l’image d’une Dame digne, toujours étincelante d’avoir su « donner une richesse à soi-même et aux autres ». Elle dit n’avoir été que le « moteur » de cet engagement, « une mission passionnante ».